Les conflits, les persécutions et les catastrophes naturelles forcent chaque année des millions de personnes à fuir leur foyer. Parmi elles, les femmes représentent une personne sur deux. En plus des multiples défis qu'elles doivent relever pour survivre, les femmes sont particulièrement exposées aux violences sexuelles. Ce phénomène, bien que souvent passé sous silence, est une réalité continue qui mérite l'attention et l'action immédiates de tou·te·s.
Les formes de violences sexuelles à l'égard des femmes en exil
Les violences sexuelles désignent tout propos ou comportement à caractère sexuel imposé à une personne, c'est à dire sans son consentement. Elles reflètent la volonté de pouvoir de l'auteur·e vis-à-vis de la victime. Elles peuvent prendre différentes formes : agression sexuelle, viol, mariagé forcé, voyeurisme, harcèlement sexuel....
En situation de conflit et/ou de déplacement, le risque de violences sexuelles est exacerbé. Le viol est même utilisé comme arme de guerre dans de nombreux conflits. Les femmes en exil sont ainsi exposées aux violences avant et pendant leur parcours migratoire. Les principes directeurs sur la protection internationale des personnes réfugiées rappellent ainsi que "les demandes d’asiles liées au genre peuvent notamment comprendre : les actes de violence sexuelle, les violences conjugales/familiales, la planification familiale imposée, les mutilations génitales féminines, les sanctions pour transgression de normes sociales et la discrimination envers les homosexuel(le)s."
En France, les violences faites aux femmes et aux filles (traite et exploitation sexuelle, violences domestiques, violences sexuelles, mariages forcés et mutilations sexuelles féminines) constituent un des motifs prépondérants de la demande d’asile. Pour autant, même lorsqu’elles arrivent dans la société d’accueil, les femmes en exil se confrontent encore à de nouvelles violences sexuelles. Une étude récente publiée dans The Lancet montre que 30% des demandeuses d'asile ont déjà vécu des violences sexuelles en France, au cours de l'année précédente.
On y trouve notamment par ordre d'occurrence :
chantage (33%)
agression sexuelle (22%)
tentatives de viols (12%)
exhibition sexuelle (8%)
viols (6%)
prostitution (4%)
Les chiffres sont effarants et différents selon d'autres facteurs pris en considération dans l'étude comme l'âge, l'origine géographique, les conditions de vie, les ressources financières, ou encore le fait d'avoir déjà vécu de la violence sexuelle avant d'arriver en France. En effet, les résultats montrent que les femmes ayant déjà subi des violences avant leur arrivée sont plus susceptibles d'en subir à nouveau. C’est un finalement continuum de violences basées sur le genre qui s’exerce avant, pendant et après le parcours migratoire.
Les femmes en exil sont surexposées aux violences sexuelles
Toutes les femmes peuvent être concernées par les violences sexuelles. Néanmoins, la proportion de personnes concernées parmi les femmes en exil, par rapport à la population plus générale, est plus inquiétante. Cela s’explique notamment par des facteurs de risques plus prépondérants et l’absence d’une protection adéquate.
Comme le souligne un rapport de France terre d’asile, la surexposition aux situations de violence est notamment due aux conditions de précarité administrative et économique (hébergement notamment, avec parfois des centres aux zones de douches communes entre hommes et femmes), ainsi qu’aux difficultés d’adaptation au pays d’accueil (isolement, difficultés avec la langue, rejet et racisme de la population locale, manque de réseau). De plus, ces femmes ont des difficultés à accéder à une protection en cas de violences, notamment en raison de la peur de perdre leur titre de séjour ou leur protection internationale lorsque ces éléments sont rattachés au conjoint, mais aussi parce qu’il y a la croyance qu’une plainte ou une main courante risquerait d’avoir un impact négatif sur la demande d’asile.
Agir contre les violences sexuelles et favoriser l'insertion des femmes en exil
Des initiatives existent, comprenant notamment :
L'accès à la justice : en mettant en place des mécanismes pour signaler les violences sexuelles et garantir que les auteur·e·s soient tenus responsables et que les victimes obtiennent réparations.
Le soutien psychosocial et médical : en fournissant des soins médicaux d'urgence, des services de santé reproductive et un soutien psychologique aux victimes.
Des programmes de sensibilisation : en éduquant les communautés sur les droits des femmes, dénonçant les pratiques néfastes et en les encourageant à dénoncer les violences sexuelles.
Il est désormais nécessaire de les renforcer.
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